L’expression « ère numérique » est maintenant présente partout et s’applique à presque toutes les activités de nos sociétés modernes. Il est question de numérique à propos d’économie, de sécurité et de surveillance et de bien d’autres domaines (fracture, solidarité, amitié, innovation, capitalisme, etc.). Les informations circulent presque toutes sous la forme d’un codage informatique binaire. Les supports, écrans de toutes sortes (ordinateurs, téléviseurs, tablettes, consoles de jeux vidéo, téléphones multifonctionnels) et les réseaux (filaires, satellites, micro-ondes, etc.) sont omniprésents tant dans les sphères professionnelles que privées et publiques de nos vies quotidiennes, sphères dont elles tendent en partie à brouiller les frontières traditionnelles. Mais le phénomène ne relève pas uniquement de considérations d’ordre technique. Ainsi est-il aussi question de « culture numérique » en référence aux usages des technologies qui font appel au numérique et à l’emploi d’algorithmes nécessitant un minimum d’interactivité. Les contenus d’origines diverses, qu’il s’agisse d’un article de journal, d’une émission de radio, d’un vidéo-clip musical, d’une série télévisée ou d’une visite virtuelle d’un musée sont dorénavant diffusés sur les mêmes plateformes. On parle même de « révolution numérique » en ce qui concerne le secteur des industries culturelles en général, ou de certaines de ses composantes en particulier, comme le cinéma, le jeu vidéo, ou la musique, fortement touchée par la numérisation des contenus. Les gouvernements du Canada et du Québec ont d’ailleurs adopté en 2014 une « stratégie culturelle numérique ».
Dans ce contexte, nous nous intéressons à la nature des mutations en cours des industries de la culture et de la communication à partir de la prise en compte des axes suivants : (1) la création/production, (2) la distribution/circulation et (3) la réception/appropriation des produits médiatiques et culturels. Pour ce faire, nous nous posons les trois questions transversales suivantes : (1) Qu’en est-il du double mouvement du maintien et de la remise en cause concomitante de filières distinctes ? (2) Comment se répartissent le pouvoir et le contrôle du marché au sein de ces industries de la culture et de la communication entre les acteurs dominants du passé et les nouveaux « entrants » ? (3) Que penser des possibilités pour les consommateurs de devenir plus actifs que dans le modèle classique des industries culturelles ?
Dans le cadre de ce programme de recherche financé par le FRQSC, plusieurs projets sont actuellement développés, notamment grâce au financement du CRSH dans le cadre du programme Savoir,. Nous en pilotons un intitué : Les nouveaux services d'intermédiation numérique et les transformations du secteur audiovisuel au
Canada et au Québec (2017-2021).